Des femmes ayant marqué l’Histoire : Violet Oakley

Bain News Service, Editeur/Pris de La Bibliothèque du Congrès.
Ma foi en un monde organisé, gouverné par des lois internationales, remonte à ma première lecture de la vie de William Penn et de sa « sainte expérience », nom qu’il donnait au Commonwealth de Pennsylvanie, sans fortifications en 1682.
—Violet Oakley
Violet Oakley (1874-1961) est aujourd’hui largement reconnue pour ses talents d’illustratrice, de créatrice de vitraux, d’enlumineuse, de peintre portraitiste, d’auteur et de conférencière. Cette femme remarquable s’impose en tant qu’artiste à une époque où les œuvres des femmes sont généralement considérées comme inférieures à celles des hommes. Elle œuvre en faveur de la reconnaissance des femmes au sein d’institutions artistiques et littéraires dominées par les hommes.
Violet Oakley est une illustratrice prolifique. Ses illustrations pour des magazines réputés contribuent à mettre en valeur des femmes sûres d’elles-mêmes et instruites. Cependant, ses œuvres les plus célèbres demeurent sans doute ses peintures murales. Elle est la première Américaine à recevoir une commande publique pour une peinture murale. Elle prouve ainsi qu’une femme peut non seulement obtenir le succès, mais également créer des chefs-d’œuvre dans un domaine artistique dominé par les hommes. La quête de la paix et de la liberté, servie par la vigilance et le zèle – deux qualités importantes auxquelles elle attache un grand prix dans la quête universelle de la paix – est un thème majeur qui inspire toutes ses œuvres. Celles-ci empruntent à divers styles, y compris le préraphaélisme et l’Art déco.
Violet Oakley naît le 10 juin 1874, à Jersey City, dans l’Etat du New Jersey, au sein d’une famille d’artistes, notamment ses deux grands-pères. A 21 ans, elle séjourne avec sa famille en France, où elle est sensible aux œuvres des grands impressionnistes. Elle s’inscrit aux cours de l’Académie Montparnasse, et étudie sous la direction des peintres Raphaël Collin et Edmond Aman-Jean. De retour en Amérique, elle étudie à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, à Philadelphie, ville où elle habitera jusqu’à la fin de sa vie. Elle décide d’étudier l’illustration à l’Institut Drexel, sur l’insistance de sa sœur Hester qui fréquente cet établissement depuis peu. Là, elle devient l’élève du célèbre illustrateur Howard Pyle, qui reconnaît ses potentialités. Cet enseignement va permettre à son talent de s’épanouir.
En 1902, l’architecte Joseph Huston propose à Violet Oakley de décorer le nouveau Capitole de l’Etat de Pennsylvanie, à Harrisburg, « uniquement du fait de son immense talent ». Cette commande exige qu’elle consacre beaucoup de temps à un travail de recherche ; elle voyage en Europe et étudie en profondeur la vie de William Penn, lequel figure en bonne place dans la peinture qu’elle réalise pour la salle de réception du gouverneur, The Founding of Liberty Spiritual [Le fondement de la liberté spirituelle]. Au cours des années suivantes, on lui demande de réaliser des peintures murales pour la rotonde du Capitole et pour les chambres du Sénat et de la Cour suprême. Au total, ce sont 43 peintures murales qui orneront les murs des bâtiments d’Etat à Harrisburg. Elles seront réalisées tout au long d’une période de 25 ans.
Penn’s Vision [La vision de Penn] de Violet Oakley (peinture à l’huile sur fond imprimé) décore la salle de réception du gouverneur, dans le Capitole de l’Etat de Pennsylvanie.
On peut voir dans ces peintures murales un témoignage de l’idéal moral et spirituel de l’artiste. Elevée dans l’Eglise épiscopale, Violet Oakley se convertit au quakerisme et à ses valeurs d’égalité et de paix – deux thèmes majeurs dans son œuvre. Elle admire particulièrement la vision utopique qu’entretenait William Penn pour le Commonwealth de Pennsylvanie. A l’époque où elle reçoit cette commande pour le Capitole, elle se voit confortée dans son idéal par les enseignements de la Science Chrétienne, que Mary Baker Eddy a fait connaître au public durant la jeunesse de Violet. La citation suivante de Mary Baker Eddy, tirée de Science et Santé avec la Clef de Ecritures, a sûrement trouvé un écho particulier chez elle : « Le code civil établit des distinctions très injustes entre les droits des deux sexes. La Science Chrétienne ne fournit aucun précédent à une telle injustice, et la civilisation l’atténue quelque peu. Néanmoins, il est surprenant que l’usage accorde à la femme moins de droits que n’en accorde, soit la Science Chrétienne, soit la civilisation. » (p. 63)
L’espoir de guérir des crises d’asthme dont elle souffre depuis l’enfance incite certainement Violet Oakley à étudier la Science Chrétienne. De fait, elle attribuera sa guérison à la Science Chrétienne. Après des années d’enfance et de jeunesse marquées par la maladie et par une protection excessive de la part de ses parents, elle jouit enfin de la liberté et d’une pleine santé. Elle reste scientiste chrétienne jusqu’à la fin de sa vie. Elle suit le Cours Primaire de Science Chrétienne et fréquente Deuxième Eglise du Christ, Scientiste, à Philadelphie, dès sa création en 1912. Ses illustrations pour le poème de Mary Baker Eddy, « Christ, mon refuge », publié en 1939, traduisent avec force ce message de lumière et d’inspiration.
Oakley est une artiste prolifique, qui semble avoir travaillé jusqu’au dernier jour de sa vie. A 81 ans, elle présente à un large public venu de Philadelphie l’ensemble des œuvres qu’elle a réalisées à Harrisburg. Politiquement engagée, elle soutient la Société des Nations, les Nations Unies et le désarmement nucléaire durant la Guerre froide. Elle est également membre du petit groupe des « Red Rose Girls » [Filles de la rose rouge] qui, avec les artistes Elizabeth Shippen Green et Jessie Willcox Smith, a transformé l’auberge de la Rose rouge en une galerie d’art communautaire, où des femmes vivent et travaillent ensemble – démarche tout à fait révolutionnaire qui bouscule la stricte répartition des rôles attribués à chaque sexe, à l’époque. Elle joue un rôle majeur dans l’établissement du « Plastic Club » de Philadelphie (destiné à promouvoir « l’art pour l’art ») et du « Philadelphia Art Alliance ».
Violet Oakley meurt à Philadelphie le 25 février 1961. Durant une grande partie de sa vie, elle sera considérée comme la femme artiste peintre la plus éminentes des Etats-Unis. Son nom tombe dans un relatif oubli après la Deuxième Guerre mondiale, cependant, au début des années 70, les styles artistiques qu’elle a défendus suscitent un regain d’intérêt, remettant ainsi à l’honneur ses œuvres et celles des artistes de la même mouvance. Depuis 1977, l’atelier de Violet Oakley, à Philadelphie, fait partie du « National Register of Historic Places » [Catalogue national du patrimoine historique], en reconnaissance du génie à multiples facettes de cette artiste.