Mary Baker Eddy a-t-elle vraiment ramené Calvin Frye à la vie ?
Calvin A. Frye, 1907. P00710. Photographe inconnu.
On nous demande parfois si Mary Baker Eddy a ramené à la vie Calvin A. Frye, son secrétaire, alors qu’il était gravement malade, dans le coma ou peut-être même mort.1 Plusieurs récits figurent dans les collections de la Bibliothèque Mary Baker Eddy et dans les ouvrages publiés par la Société d’édition de la Science Chrétienne. S’agit-il de plusieurs versions d’un même évènement ou d’un récit qui prend en compte plusieurs cas ? Y a-t-il eu des témoins oculaires ?
D’après certains récits, Mary Baker Eddy est intervenue en urgence auprès de Frye à cinq reprises au moins, entre 1886 et 1910. Aucune des pathologies dont il a pu souffrir n’a jamais fait l’objet d’un diagnostic médical. Cela étant précisé, examinons quatre récits écrits par des personnes directement témoins des évènements.2
Clara Shannon rapporte un incident non daté qui aurait coïncidé avec son séjour dans la maison de Mary Baker Eddy, à Concord, dans le New Hampshire :
Un jour, alors que j’écrivais sous la dictée de Mary Baker Eddy, elle m’envoya porter un message à M. Frye qui était dans sa chambre. Arrivée devant sa porte, qui était ouverte, je le vis allongé par terre, sur le dos, apparemment sans vie. Je revins prévenir notre Leader en lui disant : « Il semblerait qu’il se soit évanoui ». Elle se leva immédiatement et nous nous rendîmes toutes les deux dans la chambre de M. Frye. Elle s’agenouilla près de M. Frye et lui souleva le bras qui retomba inerte. Elle se mit alors à lui parler. Je priais pour lui, mais ce qu’elle lui dit fut une révélation que j’écoutai émerveillée. Avec des mots célestes, une tendresse infinie et des expressions pleines d’amour, telles que je n’en avais jamais entendues, elle lui énonçait la vérité du lien unissant l’homme à Dieu. Au bout d’un moment, il ouvrit les yeux, et dès que Mère vit qu’il reprenait conscience, sa voix changea. Avec la plus grande sévérité, elle réprimanda l’erreur qui paraissait attaquer M. Frye. Sa voix et son attitude étaient tellement différentes, en accord avec le besoin, que j’en fus profondément impressionnée.
En cet instant, elle lui dit de se mettre debout, et elle lui tendit la main pour l’aider à se relever. Puis elle fit demi-tour et sortit de la pièce en empruntant le couloir où elle était assise précédemment. Ensuite elle l’appela : « Calvin, venez ici ! » Et il la suivit. Elle lui parla pendant plusieurs minutes, en cherchant à le réveiller, et en s’adressant parfois à l’erreur avec véhémence. Puis elle dit : « Maintenant, vous pouvez retourner dans votre chambre. » Il repartit vers sa chambre, mais avant qu’il n’y entre, elle le rappela et lui parla. Elle fit cela à plusieurs reprises.
Je dis : « Oh, Mère ! Ne pouviez-vous le laisser s’asseoir quelques minutes ? » « Non, car s’il s’assoit, il ne se réveillera peut-être plus, répondit-elle. Il faut qu’il se réveille. Nous ne devons pas le laisser mourir ; il n’est pas encore complètement réveillé ! » Elle se remit à lui parler et lui rappela l’époque où elle avait loué une ferme pour la journée, pas très loin de Concord. Elle-même, Martha et M. Frye s’y étaient rendus ensemble pour y passer la journée, et elle lui rappela ce qu’ils avaient fait ce jour-là. Cela le fit réagir, et elle lui dit : « Vous n’avez pas oublié, n’est-ce pas, Calvin ? » « Non, Mère », répondit-il. Et il se mit à rire de bon cœur. Puis elle lui parla encore davantage de la Vérité et lui dit qu’il pouvait retourner dans sa chambre entreprendre sa « veille ».3
Elle m’expliqua que lorsqu’on énonce la Vérité à quelqu’un, et que la Vérité le fait rire, le fait pleurer ou le met en colère, on a touché la pensée qui avait besoin d’être rectifiée.4
John Salchow, l’une des personnes travaillant auprès de Mary Baker Eddy, a assisté à une scène datant de 1903 :
Ma sœur [Maggie Salchow] travaillait alors dans la maisonnée de Mary Baker Eddy en tant que femme de chambre. Je descendais du premier étage pour me rendre dans la chambre de M. Frye, quand Maggie en est sortie en courant, l’air bouleversé. Elle m’a dit que Calvin Frye était mort. Elle l’avait touché de la main, et il était froid et raide. J’ai fait un pas en avant et je l’ai aperçu par la porte ouverte, avachi à son bureau, le visage livide retombant mollement contre sa poitrine, les bras et les mains inertes. A ce moment, la voix de Mary Baker Eddy nous est parvenue de sa chambre. Elle était hors de mon champ de vision, mais au son de sa voix, je savais exactement où elle se trouvait. Apparemment, elle avait sonné chez M. Frye sans recevoir de réponse, et elle sortait de sa chambre pour en connaître la raison. Le son de sa voix s’est rapproché. De toute évidence, elle était entrée dans la chambre de M. Frye et s’approchait de lui, bien qu’au son de sa voix, je suis certain qu’elle n’était pas allée directement vers lui mais se tenait immobile au milieu de la pièce. Je l’entendais demander sans cesse : « Calvin, est-ce que vous m’entendez ? » Je crois qu’il s’est bien écoulé cinq minutes sans réponse ni signe de vie de sa part. Et puis je l’ai entendu dire très faiblement : « Oui, Mère, je vous entends. »5
George Kinter se souvient également de la fois où Mary Baker Eddy a ranimé Frye au cours de l’hiver 1905, après qu’il avait été retrouvé sans vie :
M. Frye était décédé, son pouls s’était arrêté, il était froid comme de la pierre et son corps était tout rigide. Ses yeux fermés étaient fixes et il ne donnait aucun signe de vie…
Mais quand notre Leader arriva, tout changea ; elle commença immédiatement à le traiter en énonçant à haute voix des affirmations radicales et, en les entendant, je me fis tout petit de peur que mon sens de la gravité de la situation ne constitue un obstacle à ses efforts héroïques…
Ses efforts atteignaient des sommets d’intensité. Je me souviens très bien de plusieurs de ses gestes et paroles. Elle dit par exemple : … Calvin, tout est Vie ! Vie ! La vie qui ne meurt pas. Dites : Dieu est ma Vie. Répétez ce que je dis ! Dites-le pour que je sache que vous en avez conscience ! Dites-le en chuchotant, si nécessaire, mais déclarez-le vous-même. Déclarez : je peux me venir en aide.
De temps à autre, elle lui frottait les mains, elle le giflait avec vigueur et elle le secouait énergiquement. Et enfin, au bout d’une heure, il fit un léger mouvement puis, dans un premier temps, il se mit à parler d’une voix faible, lente, rauque et spasmodique, mais au bout d’un moment, ses propos devinrent cohérents et nous pûmes l’entendre dire des choses telles que : « Ne me rappelez pas, laissez-moi partir, je suis si fatigué, etc. »
A chacun de [ces propos], Mary Baker Eddy répondit : « Oh, mais si. Nous allons continuer à vous rappeler car vous n’êtes pas parti. Vous étiez simplement en train de rêver et maintenant que vous vous êtes réveillé de ce rêve envoûtant, vous n’êtes pas fatigué. Calvin, vous aimez bien trop la vie et toutes ses activités pour vous endormir. Grâce à ce cher Dieu, qui est Entendement, qui est le bien omniprésent, vous ne succombez à aucune des prétentions des sens matériels. Vous n’avez pas besoin de capituler, et votre connaissance de la Vérité telle que vous l’avez pratiquée pendant toutes ces très nombreuses années vous permet de savoir que l’Amour divin vous libère, et que vous êtes affranchi de l’esclavage de l’hypnotisme, que vous êtes vivant pour Dieu, votre Sauveur, et qu’Il vous délivre du péché, de la maladie et de la mort. »
« Alors maintenant, rendez grâce à Dieu car Il vous a sauvé. Vous êtes vigoureux et vous allez bien. »
Il s’écoula encore une demi-heure pendant laquelle M. Frye fut en mesure de nous parler presque normalement…6
Un autre récit de guérison similaire figure dans les souvenirs d’Adam H. Dickey. M. Dickey ne précise pas l’année où l’événement a eu lieu. Il a servi chez Mary Baker Eddy, à Chestnut Hill, dans le Massachusetts, de 1908 à 1910. Voici ce dont il se souvient :
… Pendant tout ce temps, la tête de M. Frye pendait mollement sur son épaule. Je tenais le dos du fauteuil dans lequel nous l’avions déposé, pour qu’il reste en place. Je mis la main sur sa tête pour la relever. Mary Baker Eddy m’arrêta immédiatement en me disant : « Ne le touchez pas. Laissez-le moi complètement. » Elle répéta ses appels pour qu’il se réveille et demeure avec elle. Cela faisait peut-être une demi-heure que nous avions découvert Calvin et, même si nous tous qui assistions aux efforts déployés par notre Leader pour le ramener à la vie n’avions pas le moindre doute sur sa réussite, le temps semblait passer sans aucune réaction apparente à son travail. Cela ne la découragea pas. Elle redoubla d’efforts et ordonna à M. Frye, quasiment en criant, de se réveiller. Il souleva soudain la tête et poussa un long et profond soupir…7
Dans sa biographie sur Mary Baker Eddy, parue en 1998, Gillian Gill, qui n’est pas scientiste chrétienne, livre son point de vue sur ces évènements dans ce commentaire : « Je trouve les divers cas de résurrection de Calvin Frye fascinants, mais je suis quelque peu perplexe quant à la manière de les interpréter. » Bien qu’elle doute de la mort de Frye, elle observe :
Les guérisons de Calvin Frye prennent donc une signification extraordinaire en raison du moment auquel elles se sont produites dans la vie de Mary Baker Eddy, et parce qu’elles ont été observées et attestées par la suite par tant de personnes. De l’avis des scientistes chrétiens, cela prouve de manière concluante que, au sommet de son autorité, Mary Baker Eddy était capable de ressusciter une personne morte.8
Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé : « La Bible appelle la mort une ennemie, et Jésus vainquit la mort et le sépulcre au lieu de s’y soumettre. »9 Les évènements relatés ici témoignent de l’efficacité de sa réaction face à des situations extrêmes. Les questions sur la nature de l’état de Frye sont probablement inévitables ; les faits consignés sont contraires aux réactions habituelles face à la maladie et à la mort. Les Ecritures hébraïques et chrétiennes, ainsi que les chrétiens au cours des siècles, relatent des cas de résurrection par la prière. La Bible relate des réactions diverses à ce phénomène ; on attribue à David ces paroles tirées des Psaumes : « Car tu as délivré mon âme de la mort, tu as garanti mes pieds de la chute, afin que je marche devant Dieu, à la lumière des vivants. »10
Cet article est aussi disponible sur nos sites en allemand, anglais, espagnol et portugais.
- Le site Internet des documents de Mary Baker Eddy (Mary Baker Eddy Papers) comprend cette notice biographique : Calvin A. Frye (1845-1917) a étudié pour la première fois la Science Chrétienne avec Mary Baker Eddy en 1881 et il a suivi par la suite deux autres cours avec elle. A partir de 1882, il a travaillé pour Mary Baker Eddy pendant plus de 28 ans, en tant que secrétaire particulier et à divers autres titres, dont celui de confident, cocher, praticien et comme intendant de sa maison. Il a tenu avec rigueur les livres de compte pour la maisonnée de Mary Baker Eddy ainsi que pour ses finances personnelles. Après le décès de Mary Baker Eddy, il a été nommé pour une année président de La Première Eglise du Christ, Scientiste, à Boston (Massachusetts), en 1916. Il a également beaucoup voyagé et continué de pratiquer la photographie en amateur.
- Nos collections comprennent des lettres et des souvenirs liés à ce sujet. Frye lui-même écrit dans une lettre datée du 14 juillet 1888 : « Il y a environ deux ans, j’ai dû beaucoup lutter contre les attaques du mesmérisme malveillant, par lequel on essayait de me démoraliser et, à travers moi, d’atteindre Mary Baker Eddy. Lors de l’une de ces attaques, j’ai quasiment eu une absence. Mary Baker Eddy était seule avec moi à ce moment-là, et comme elle m’appelait haut et fort sans obtenir de réponse, elle a ressenti le besoin d’agir rapidement. Elle m’a redressé la tête en me prenant par les cheveux et m’a appelé à voix haute pour me sortir de l’état de paralysie dans lequel j’étais tombé. Cela a eu l’effet escompté, j’ai repris conscience du lieu où j’étais, l’esprit encore vague, mais j’ai vu le danger dont elle m’avait délivré et qui ne pourra plus jamais se reproduire. J’ai percé à jour leur mauvaise pratique mentale, alias démonologie, et je sais que Dieu est mon refuge. » (Calvin A. Frye à un destinataire inconnu, 14 juillet 1888, L15943.)
- Par « veille », Mary Baker Eddy fait référence à une prière qui fait preuve de vigilance face au danger, au péché et à la maladie et qui les conteste fermement. Lida Fitzpatrick se souvient des propos suivants tenus par Mary Baker Eddy en 1903 : « Vous devez veiller, comme le dit Jésus, si vous ne voulez pas que l’on perce la maison ; vous croyez que vous veillez, mais veillez-vous quand on perce la maison ? Que penserait-on d’un veilleur qui laisserait cambrioler le lieu dont il a la garde ? Serait-il un veilleur digne de ce nom ? C’est bien pour cela que j’ai appelé notre journal Sentinel et que j’ai inscrit sur la couverture : “Veillez.” Maintenant, comment devons-nous veiller ? Une sentinelle qui montait la garde dans le camp des soldats de l’Union, durant la guerre [de Sécession], faisait la ronde pendant son tour de garde, quand soudain il sentit le danger : l’approche de l’ennemi. Il se mit alors à chanter “Jésus, toi qui aimes mon âme / Puissè-je trouver refuge près de toi, etc.” Et la strophe qui répondit à son besoin était : “Je n’ai d’autre refuge / Mon âme impuissante s’attache à toi, etc.” Il s’abandonna à Dieu. Plus tard, il parla avec l’homme, qui lui apprit qu’il s’était approché, le fusil à l’épaule, pour lui tirer dessus, mais que son bras était retombé et le fusil en même temps : il avait été incapable de tirer. C’est cela veiller. Nous devons sentir le danger et élever notre pensée vers Dieu ; Il nous sauvera. » (Voir Nous avons connu Mary Baker Eddy, édition augmentée, tome II [Boston: The Christian Science Publishing Society, 2018], 136)
- Nous avons connu Mary Baker Eddy, édition augmentée, tome II [Boston: The Christian Science Publishing Society, 2018], 221-222. Quelques dizaines d’années plus tard, Richard St. J. Prentice s’est souvenu d’autres détails que Clara Shannon lui avait communiqués : « Mlle Shannon a dit clairement à l’auteur que, selon elle, M. Calvin Frye était vraiment décédé lorsqu’elles l’ont trouvé ; il est resté allongé sur le sol pendant un moment assez long, durant lequel notre Leader priait pour lui et lui parlait, avant qu’il ne montre le moindre signe de vie et ne s’assoie. Mlle Shannon a déclaré que, par la suite, elle avait été très curieuse de savoir ce que M. Frye faisait, selon sa perception des choses, pendant ce temps ; c’est pourquoi, le jour suivant, elle est allée lui demander très sérieusement : “Calvin, que faisiez-vous hier quand nous pensions que vous étiez mort ? J’aimerais le savoir.” Mlle Shannon a dit à l’auteur que M. Frye répondit aussitôt : “J’étais dans la cuisine, en train de manger de la tarte à la crème.” » (Voir Richard St. J. Prentice, « Statements by Clara M. Sainsbury Shannon, C.S.D. relating to Mary Baker Eddy » [Déclarations de Clara M. Sainsbury Shannon, C.S.D., au sujet de Mary Baker Eddy], 17 octobre 1968, Reminiscence, LMBE.)
- John G. Salchow, « Reminiscences of Mr. John G. Salchow », 18 novembre 1932, Reminiscence, 86-87, LMBE. Voir aussi Nous avons connu Mary Baker Eddy, édition augmentée, tome I (Boston: The Christian Science Publishing Society, 2016), 419-420.
- George H. Kinter, « Raising the Dead » [Ressusciter les morts], 7 octobre 1918, Reminiscence, 5-10, LMBE. Voir aussi le récit complet dans Nous avons connu Mary Baker Eddy, édition augmentée, tome II (Boston: The Christian Science Publishing Society, 2018), 382-389.
- Adam H. Dickey, « Memoirs of Mary Baker Eddy », 1927, Reminiscence, 89-90, LMBE. Voir aussi Nous avons connu Mary Baker Eddy, édition augmentée, tome II, 455-458. Irving C. Tomlinson a probablement été témoin du même événement, qu’il a daté du 9 novembre 1908 dans ses souvenirs. Il y ajoute des détails supplémentaires selon son point de vue, notamment ce dont il se souvient des propos tenus par Mary Baker Eddy à Frye. Voir Irving C. Tomlinson, Twelve Years with Mary Baker Eddy, Amplified Edition [Douze ans avec Mary Baker Eddy, édition augmentée] (Boston: The Christian Science Publishing Society, 1996), 64-66.
- Gillian Gill, Mary Baker Eddy (Reading, Massachusetts: Perseus Books, 1998), 668-669, note 32.
- Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures (Boston: Christian Science Board of Directors), 39.
- psaume 56:14.