Comment Mary Baker Eddy employait-elle le terme « physique » ?
On nous interroge souvent sur la signification du mot « physique » tel qu’on l’utilisait à l’époque de Mary Baker Eddy.
Mary Baker Eddy fait référence au terme « physique » 13 fois, de manière bien précise, dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, qu’elle a appelé le livre d’étude de la Science Chrétienne. Elle utilise le même mot 20 fois dans ses autres écrits.
Elle oppose souvent la « physique » à la « métaphysique », terme qu’elle emploie beaucoup plus souvent et qu’elle associe à la pratique de la Science Chrétienne. « La métaphysique est au-dessus de la physique, écrit-elle, et la matière n’entre ni dans les prémisses ni dans les conclusions métaphysiques. »1 Elle écrit également : « La croyance universelle à la physique s’oppose aux vérités hautes et puissantes de la métaphysique chrétienne. »2
La première utilisation du terme « physique » dans Science et Santé apparaît à la page viii : « La théologie et la physique enseignent que l’Esprit et la matière sont tous deux réels et bons, tandis que le fait est que l’Esprit est bon et réel, et que la matière est l’opposé de l’Esprit. »3 Et ailleurs, elle écrit ceci :
Si, dans nos écoles, on consacrait à la Bible et à Science et Santé avec la Clef des Ecritures le même temps ou la même attention qu’aux hypothèses humaines, ces livres feraient progresser le monde. Il est vrai qu’il faut étudier davantage pour comprendre et démontrer ce qu’ils enseignent que pour apprendre la doctrine de la théologie, la philosophie ou la physique, parce qu’ils renferment et offrent la Science, avec un Principe fixe, une règle déterminée et des preuves infaillibles.4
Que pouvons-nous apprendre sur l’emploi du mot « physique » par Mary Baker Eddy, compte tenu de l’évolution de la définition de ce terme depuis le début du XXe siècle ? Aujourd’hui, le site du dictionnaire américain Merriam-Webster.com en donne la définition suivante :
Science qui traite de la matière et de l’énergie et de leurs interactions, des processus et des phénomènes physiques d’un système particulier, de la composition et des propriétés physiques d’un objet.5
Pour Mary Baker Eddy et ses contemporains, la « physique » signifiait sans doute quelque chose d’un peu différent, comme le montre l’examen des dictionnaires du XIXe siècle. Le Webster’s Complete Dictionary of the English Language [Dictionnaire complet de la langue anglaise Webster] de 1886, publié par G. & C. Merriam &Co, définissait la « physique » en ces termes :
La science de la nature ou des objets naturels, comprenant l’étude et la connaissance du monde matériel ; en particulier, le domaine des sciences naturelles traitant des propriétés générales des corps et des causes (comme la gravitation, la chaleur, la lumière, le magnétisme, l’électricité etc.) qui modifient ces propriétés ; la philosophie naturelle.6
Selon une deuxième définition dans ce même dictionnaire, la « physique » était « l’art de guérir les maladies ; la théorie et la pratique de la médecine ».7
Bien que nous ne soyons pas en mesure de déterminer quelle était la définition de Mary Baker Eddy du mot « physique », les dictionnaires qu’elle possédait nous fournissent un indice possible. Notre collection comprend un exemplaire du dictionnaire American Dictionary of the English Language [Dictionnaire américain de la langue anglaise] de 1887, qui faisait partie de la bibliothèque personnelle de Mary Baker Eddy dans sa maison de Chestnut Hill, dans le Massachusetts. Il est donc possible qu’elle ait donné à ce terme un sens analogue à celui qui figure dans l’édition de 1886 du Webster’s Complete Dictionary.
Pour plus d’informations sur les ouvrages de référence utilisés par Mary Baker Eddy au cours de sa vie, voir l’article « Quels dictionnaires Mary Baker Eddy possédait-elle ? », sur notre site Internet (en anglais).
Il est important de souligner que Mary Baker Eddy s’est intéressée aux progrès de la science et de la physique à son époque. Comme le note le biographe Robert Peel dans son livre Mary Baker Eddy: The Years of Authority [Mary Baker Eddy : Les années d’autorité], publié en 1977, les nouvelles découvertes scientifiques se faisaient à un rythme exponentiel au dix-neuvième siècle :
… chaque année apportait de nouvelles découvertes et de nouvelles avancées stupéfiantes dans le domaine de la science physique, notamment les rayons X, la télégraphie sans fil, la radioactivité, l’électron, le radium, la théorie quantique, la théorie de la relativité restreinte, ce qui entraîna, à terme, des avancées dans les domaines de la logique mathématique, de l’aéronautique, de la théorie de la mutation et de la psychopathologie. Toutes les théories classiques sur la matière, l’action atomique, l’espace-temps, la causalité même, semblaient bousculées par un flux héraclitéen général [un changement perpétuel]…8
Pour Mary Baker Eddy, cette compréhension nouvelle du monde physique signifiait également une meilleure appréhension du monde spirituel. Comme ces théories nouvelles modifiaient la perception du monde, Mary Baker Eddy pensait qu’elles pouvaient aussi modifier l’idée que l’on se faisait de la matière. Ainsi, Robert Peel explique que lorsque Albert Einstein a développé son concept de la relation entre la masse et l’énergie en 1905, Mary Baker Eddy a approfondi cette idée dans sa nouvelle édition de Science et Santé :
A la fin de 1905 et au début de 1906, Mary Baker Eddy travaillait à sa dernière révision majeure de Science et Santé. A cette occasion, elle apporta un petit changement en ajoutant deux mots à une phrase qui, dans sa forme définitive, énonce la « lutte entre l’idée du pouvoir divin, que Jésus présenta, et l’intelligence mythologique matérielle appelée énergie et qui s’oppose à l’Esprit ». Les deux mots ajoutés en 1905-6, étaient : « appelée énergie » (ses propres italiques). Ils témoignent de sa certitude absolue qu’en identifiant la matière et sa prétention à l’intelligence en tant qu’énergie, on avançait d’un pas vers la reconnaissance ultérieure du fait que « la force physique et l’entendement mortel ne font qu’un », un faux mode de conscience, une mauvaise compréhension de l’être, qui se réduira finalement à une limite impossible à l’infinitude de l’Esprit.9
Pour en apprendre davantage sur un sujet connexe, vous pouvez lire : « Einstein s’est-il intéressé à la Science Chrétienne ? »
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- Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures (Boston: The Christian Science Board of Directors), 269.
- Ibid., 155.
- Ibid., viii.
- Mary Baker Eddy, Ecrits divers 1883-1896 (Boston: The Christian Science Board of Directors), 366.
- « Physics » [Physique], Merriam-Webster.com. https://www.merriam-webster.com/dictionary/physics.
- Noah Webster, Webster’s Complete Dictionary of the English Language, éd. Chauncey A. Goodrich et Noah Porter (London: George Bell and Sons, 1886), 983.
- Ibid.
- Robert Peel, Mary Baker Eddy: The Years of Authority [Mary Baker Eddy : Les années d’autorité] (New York: Holt, Rinehart and Winston, 1977), 302.
- Ibid., 303.